Pierre Moscovici annonçait il y a peu des mesures de fiscalité écologiques dans le prochain projet de loi de finances. Le Comité permanent pour la fiscalité écologique rendait dans la foulée une proposition de rééquilibrage de la taxation des carburants. Au centre de ce texte, un ajustement du taux du diesel sur celui de l’essence. Pierre-Yves Du Fou, président de l’Automobile Club Association de Côte-d’Or (ACA 21) réagit à cette annonce.
GazetteINFO.fr : L’état déclare 42 000 morts chaque année du fait des particules rejetées par les véhicules roulant au diesel. Pensez-vous qu’une taxation plus importante puisse résoudre le problème ?
Pierre-Yves Du Fou : Il y a une mauvaise foi incontestable qui plane au dessus de cette affaire. La France est l’un des seuls pays à taxer plus faiblement le diesel et ce depuis des années. Et puis, tout d’un coup, on apprend que le diesel est plus nocif qu’avant. Le raisonnement ne tient pas debout. Comme si taxer plus un carburant diminuait la pollution. Si le gouvernement veut limiter efficacement la pollution, il n’a qu’à supprimer le diesel. Les gens ne sont pas dupes, ils ont très bien compris qu’il s’agissait plus d’un problème financier que d’une question environnementale. Et puis, dans les 42 000 décès annoncés par l’état, il faut faire la part des choses. Il s’agit en réalité du nombre de décès liés aux particules rejetées dans l’air. Les deux tiers de ce chiffre sont en réalité imputables à l’industrie. Les moteurs diesels, eux, ne sont responsables que d’une partie ; et il s’agit surtout des véhicules de plus de 15 ans, les nouveaux étant équipés de filtres.
Quelles alternatives vous sembleraient préférables ?
Si le gouvernement projetait de rester sur le terrain de l’écologie, il suffirait de prévoir des mesures d’aide au remplacement des véhicules les plus polluants par des véhicules neufs. Mais, pour l’Etat, qui tire davantage profit du made in France, cette solution est très limitée. Il n’y a aucune assurance de voir les gens acheter des véhicules neufs de fabrication française plutôt que de marques étrangères. L’abaissement du prix de l’essence serait également incitatif, puisque le diesel est plus nocif. Quoi qu’il en soit, dans le contexte actuel, c’est un choix qui manque de pertinence. Le carburant est une dépense difficilement compressible pour beaucoup de ménages et d’entreprises. Le pouvoir d’achat ne peut pas suivre de nouvelles taxes.
Quelle incidence cette hausse aurait-elle sur le marché de l’automobile ?
Pour les constructeurs français, c’est une catastrophe. Ils ont passés toutes ces dernières années à investir dans le diesel en suivant les orientations des précédents gouvernements, sous l’influence de l’idéologie écologiste. Peugeot a fait le choix des hybrides diesel/électriques, qui sont de bonnes alternatives à moyen terme. Renault a préféré le tout électrique. Mais ces innovations ne permettent toujours pas de se détacher intégralement des carburants classiques. Ce sera le cas tant que les infrastructures routières et autoroutières ne pourront pas assumer le coût des installations nécessaires, qui représentent des sommes faramineuses. Pour les automobilistes, c’est également une fausse mesure. Ceux qui ne pourront pas changer de véhicule rapidement auront de moins en moins la capacité financière de le faire, tant leur véhicule au diesel leur sera onéreux.