Le CEDRA, collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs, a annoncé dans un communiqué que le CEA de Valduc serait à la recherche de plusieurs milliers de cocottes-minutes.
C’est un ingénieur, appuyé par une autre source, qui a informé le CEDRA de cet appel d’offre aussi original qu’inquiétant. Après vérification, ce dernier est bien réel, et même consultable sur internet.
« Fourniture de 4000 autocuiseurs en acier inoxydable destinés au transport de matériaux sensibles, et garantissant un niveau de sûreté et de confinement parfaitement maîtrisés. »
« Les points suivants seront à garantir :
- le confinement devra être assuré par un couvercle dont la fermeture sera assurée poignée rotative manœuvrant un étrier pour comprimer le joint,
- le volume utile de ces conteneurs sera de 17 litres environ, avec de fortes contraintes sur le respect de la géométrie et des dimensions intérieures et extérieures (y compris les poignées latérales),
- la résistance du conteneur sera telle que le confinement du couple « contenant et contenu » soit assuré à l’issue d’une chute. Cette adaptation de produit standard répond à un besoin d’optimisation des coûts. Livraisons échelonnées avec 1ère livraison prévue au 1er trimestre 2014. »
Un procédé courant…
Vous avez dit bizarre ?… Non, d’après Alain Houpert, sénateur UMP de Côte d’or, mais aussi président de la SEIVA (association indépendante chargée d’évaluer l’impact de la base sur l’environnement). Si l’association a déclaré à nos confrères de France-info que personne n’était au courant de cet appel d’offre, Alain Houpert a lui rassuré les journalistes de la radio : « On peut fabriquer des contenants de radioprotection mais qui coûteront une fortune, et qui ne seront pas mieux que l’autocuiseur qu’on trouve dans le commerce. Tous les établissements nucléaires font ça dans le monde entier ».
Critiqué de toutes parts, notamment depuis l’explosion de Fukushima il y a deux ans et demi, le nucléaire et en l’occurrence le transport de déchets inquiète encore un peu plus. Le calcul est rapide : 4 000 autocuiseurs de 17 litres de contenance chacun totalisent une capacité de stockage de 68 000 litres, soit quasiment 70 tonnes..
Le CEA, fermé pour les vacances jusqu’au 19 août, n’est pas en mesure de répondre aux interrogations suscitées par ce procédé… apparemment courant dans le « milieu » : à Pontfaverger-Moronvilliers, autre site du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) qui sera bientôt transféré à Valduc, ce sont des congélateurs qui entrent par dizaines…
Communiqué complet du CEDRA:
VALDUC : drôle de cuisine à l’INBS (Installation nucléaire de base, secrète)
Nouvelle fuite à Valduc (Bourgogne/Champagne). Un ingénieur vient de glisser au CEDRA que le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) se lançait dans une curieuse cuisine. Le site, qui tripote les ogives atomiques du pays, serait à la recherche de plusieurs milliers de cocottes-minutes ! Amis des brocantes et autres vide-greniers, en chasse.
Curieuse information. Bien que toqués eux aussi, les ingénieux du CEA délaisseraient-ils leur cuisine atomique pour se lancer dans les concours culinaires à la mode ? On sait juste que ces arpettes cuistots lancent appel pour des autocuiseurs, en acier inoxydable, en grande quantité (4000 !), d’une contenance de 17 litres chacun, et que le tout a pour but de transférer des « matériaux sensibles ». On n’ose imaginer la tête des préposés de la douane volante lors d’un prochain contrôle inopiné.
Curieux. D’autant plus curieux qu’à Pontfaverger-Moronvilliers, autre site tout aussi secret du CEA, ce sont des congélateurs (neufs) qui entrent par dizaines. Quel rapport avec les cocottes-minutes de Valduc ? Et bien, après des décennies d’invraisemblables et fort discrètes expériences atomiques, à deux pas des vignobles de champagne (si !), le CEA déménage. Il déménage à… oui, à Valduc/Salives. Et il emporte avec lui (cherchez le coût !) les AIRIX, les EPURE. Valduc s’étoffe, Valduc prend de l’ampleur, Valduc accueille même à présent des Britanniques pour des jeux communs. Dégât collatéral : Valduc est autorisé à rejeter 3 fois de plus de tritium qu’auparavant, ce gaz radioactif utilisé pour « accroître le rendement des armes thermonucléaires ou à fusion »
Les braves gens alentours apprécieront. Les producteurs et les consommateurs du fameux AOP « fromage de Langres » apprécieront. Les défenseurs et les futurs jouisseurs du 11ème parc naturel national « entre Champagne et Bourgogne », actuellement en gestation, apprécieront cette présence ô combien incongrue et ses rayonnants effluves, ce mariage de la carpe et du lapin.
Mais il est vrai que, là comme ailleurs, les « responsables » sont subjugués et ne voient que l’appât : emplois et retombées financières. Les alouettes n’ont décidément guère évolué depuis l’invention du miroir et de la glue.
Subir ou AGIR, on a le choix !